Au Fil des planètes N°6 - sept. 2015

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La Vierge mythologique

Si l’astrologie conditionaliste est fidèle à ses racines astronomiques, elle n’est pas coupée pour autant de son terreau mythologique. Il revient en effet au fondateur de l’astrologie conditionaliste, Jean-Pierre NICOLA, d’avoir su faire communiquer le langage des signaux (le langage de la nature) et le langage symbolique et d’avoir démontré que l’un et l’autre peuvent se féconder. L’astrologie conditionaliste est la seule approche, à ma connaissance, permettant une lecture rationnelle et symbolique du vivant, une lecture qui respecte et rend hommage à l’astrologie mésopotamienne, fille du ciel et de la terre et qui fondait ses connaissances sur les réalités du ciel (l’astronomie) et de la terre, ces dernières pouvant amplifier ou contrarier la réalisation des conditions célestes.

L’Astrologie Conditionaliste se situe dans le prolongement de cette tradition mésopotamienne (qui ne séparait pas astronomie et astrologie), prolongée par l’astrologie grecque (qui a posé ses premiers concepts rationnels) et par les Ptolémée (IIe siècle), Cardan, Képler (XVIe siècle)… astronomes-astrologues précurseurs-fondateurs d’une astrologie conditionnelle. A ce titre l’Astrologie Conditionaliste (conditionnelle dans sa première appellation) n’est pas, comme nous le rappelle Jean-Pierre NICOLA, "une découverte, mais le prolongement de l’aspect exotérique de la Tradition, celui qui reconnaît ses fondements astrométriques avec toutes les conséquences qui en découlent".

Dans ce numéro automnal du Fil des Planètes, je vous propose de (re)découvrir la lecture mythologique du signe de la Vierge, telle que nous l’expose Jean-Pierre Nicola.

Petit rappel préliminaire : astronomiquement, le signe de la Vierge se caractérise par une égalisation des jours et des nuits (conséquence de la position équinoxiale du Soleil), la nuit prenant peu à peu le pas sur la durée du jour. Les natifs de la Vierge, ressentiront plus que d’autres cette intrusion, menace de la nuit dans leur espace de sécurité, leur imagination se fera le reflet des forces mystérieuse de nuit...

A présent, laissons Jean-Pierre Nicola nous exposer sa lecture mythologique du Signe de la Vierge.

Tout le monde ne peut pas être du Lion. Mais vous auriez tort d’en faire un problème parce que, au hit-parade du zodiaque populaire, le Lion est en tête et la Vierge n’a guère de lauriers. Se dire de la Vierge de nos jours parait démodé. Et pourtant que de mystères en ce Signe ! Ceux d’Eleusis sont prioritaires. Ils vous concernent par des détours dont voici les raccourcis...

Eleusis est un héros qui donna son nom à la ville d’Eleusis, un port de Grèce de 15 527 habitants aux dernières nouvelles (1977) et où dominent maintenant la cimenterie et la métallurgie. Ce fut une ville sacerdotale. On y trouve encore les ruines du sanctuaire de Déméter et de Perséphone. Or, ces deux divinités agraires sont unies : Déméter est la mère de Perséphone. Et toutes deux sont divinement liées à la symbolique du Signe de la Vierge, Signe de Terre selon la Tradition, gouverné par Mercure selon elle. Il se trouve qu’Eleusis, le héros et non la ville, serait né de Mercure et de Daïre, fille de l’Océan.

Constatez-le bien : il n’est pas nécessaire d’être du Lion ou d’ailleurs, pour être d’un Signe d’ascendance divine. C’est toujours ça de pris. Ensuite, les virginiens et virginiennes, complexés par les publications rarement flatteuses à leur égard, ne doivent pas oublier que Louis XIV est natif de la Vierge. Eh oui, le grand Roi est né sous un Signe que l’on dit modeste, effacé, discret, rongé par ses sentiments d’infériorité. Il fallait Louis XIV pour montrer la vanité des clichés. Notez que François Ier est aussi de la Vierge et vous serez tout à fait rassurés quant à vos chances de réussite sociale. Les esprits forts qui évoquent Michel Jobert en ricanant en sont pour leurs frais d’ironie. Michel Jobert, sans éclat léonien et jeu de crinière, est devenu ministre. L’astrologie s’en réjouit d’autant qu’à l’époque où Jobert prêtait à sourire, un astrologue interprète de son ciel était fondé de dire : méfiez-vous, gens de moquerie, Jobert est le Droopy de la politique... son flegme cache un volcan contenu. Rien n’est plus puissant que la vraie ou fausse modestie. Et qu’y a-t-il de plus volcanique qu’un secret bien gardé ? On danse sur un secret comme on danse sur un volcan... lorsque le secret éclate, ce qui paraissait vrai devient faux, les premiers deviennent les derniers. la Vierge est le Signe des transformations bizarres.

Le dessinateur Grandville appelait cela des "Métamorphoses". Il était de la Vierge et il dessinait des microbes épouvantables, des femmes-fleurs ou des êtres humains avec des têtes d’animaux... comme Déméter qui fut représentée avec une tête de cheval. Grandville ne savait pas que Déméter tenait la plume. Il y a l’auteur créateur de Frankenstein, Mary Shelley, née sous le Signe de la Vierge. Il y a Edgar Rice Burroughs, le père de Tarzan... de quoi donner à rêver à ceux qui écrivent dur comme fer, que vous n’avez pas d’imagination, enfants de Mercure et Déméter ! La palme de l’imagination monstrueuse revient sans contestation possible à Léopold Chrétien Frédéric Dagobert Cuvier, savant du 23 août 1769. D’un rien, de quelques os et d’idées sûres, ce génie naturaliste a reconstitué, en imagination, les animaux titanesques d’autrefois ! La logique imaginative-réaliste virginienne est capable de tout. Grâce à ce type de logique, le philosophe Hegel, virginien, explique la raison, dieu, le réel... Et il n’était pas du Lion !

Agatha Christie nous replonge dans les mystères d’Eleusis par des intrigues finement dissimulées dans la vie quotidienne. Jusqu’au dernier moment elle nous cache l’indice qui change le bourgeois en assassin. On en sort plein de méfiance et de sagesse. Ce qui prouve que la transformation ne tient qu’à soi. On ne peut changer qu’à partir de ce que l’on est en germe. le symbole de la Vierge insiste, non pas sur la vertu du pucelage, mais sur celle du soi-même. Le changement transformateur repose alors sur des propriétés fixes : celles que l’on à reçues de Dame Nature sous forme de programme et de permission de changer. Isis, Cérès, Déméter, sont des Dames du ciel poétique figurant la Nature et ses lois autorisant le changement dans les limites de sa nature.

Ne vous étonnez plus de trouver un Antoine-Laurent Lavoisier, père de la chimie moderne, natif de la Vierge. Nous lui devons le fameux "Rien ne se perd, rien ne se crée"... tout se transforme : dans les limites de sa nature et de la Nature.

Pour formuler ces vérités intrinsèques, l’astrologie moderne désigne la Vierge comme Signe d’auto-protection, auto-conservation et néanmoins en "choc des contraires". La transformation liée à des caractères fixes est un choc d’idées apparemment opposées. Le virginien qui ne parvient pas à démontrer que ces liaisons sont naturelles et logiques, échoue dans le porte-à-faux, la dialectique spécieuse, la construction de fictions monstrueuses que d’aucuns diront de mauvaise foi. II reste la ressource de devenir surréaliste à la manière d’Apollinaire, d’Alfred Jarry et de Léo Ferré.

La mythologie, dans son dessein de définition par l’image et non par le mot clé, adopte le symbole de la graine pour représenter les mystères de la Vierge. La graine se change en plante conforme à elle-même. Elle change par des propriétés fixes qui sont en elle et ne demandent qu’un terrain vierge de graines ennemies. Pour que le miracle de l’auto-transformation se réalise, la condition de pureté est indispensable. Et pureté veut dire, ici, rigueur, authenticité, conscience de ce que l’on est, ce que l’on peut vraiment... conscience de "l’en-soi". Ne semez pas de l’avoine si vous voulez du blé... sachez reconnaître le grain. C’est le vrai secret de la Vierge qui va loin. Et c’est la clef de ceux et celles qui craignent les interférences négatives, les impuretés, compromissions, aliénations... Dans ces cas-là, la panique intime survient : panique de ne pas être soi, de ne pas avoir de grain apte comme une mère à engendrer sa réplique, une fille qu’on appellerait Proserpine.

Telle est la quête de Déméter cherchant sa fille-graine, enlevée par Pluton, dieu des ombres, des cimetières et du sous-sol.

Le poète antique porte aux nues les problèmes souterrains et agricoles : que peut faire la Terre sans le grain et que fait la graine-Proserpine dans le lit de Pluton, l’invisible sous-sol d’ou montent nos richesses ? La Terre-Déméter est inquiète, soucieuse de sa fille morte et dérobée. Elle demande à Jupiter, dieu du ciel, reviendra-t-elle ? Dans six mois, dit-il... si la graine est pure.

Tous ces mystères naturels n’oublient pas la lumière. A l’équinoxe d’automne, le Soleil en mouvement descendant et perdant de sa hauteur va passer sous la ligne de l’équateur céleste. II est, lui aussi, la graine jetée en dessous, livrée à Pluton ainsi que Proserpine. Reviendra-t-il jamais ? Les inquiétudes de la Vierge, ses anxiétés à propos des petits riens de la vie pratique, cachent peut-être de grandes interrogations cosmiques..

(Texte paru dans Les Signes du destin, éd. RMC/Editions du Rocher 1981)


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